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LA GUERRE DES KAMIKAZES

Le 12 avril 1945, le commandement américain se décida à révéler l’existence d’attaques-suicides menées par l’aéronavale japonaise contre la flotte américaine au large d’Okinawa. Cette information provoqua la stupeur des Américains atténuée cependant par l’annonce de la mort du président Roosevelt. Le phénomène n’était en réalité pas nouveau. Il remontait à près de six mois. Les premières attaques-suicides étaient intervenues pendant le débarquement de Leyte en octobre 1944. Mais ce qui était nouveau, c’était l’ampleur de ce phénomène qui dérivait du code d’honneur de l’armée et de la marine nipponnes. Le vrai courrage consiste à vivre quand il est juste de vivre, à mourir quand il est juste de mourir déclare le 1er article du code  du Samouraï : le Bushidô.

 

Aspirants pilotes de l’école d’aviation de Utsunomiya, au nord de Tokyo. Dès la fin de 1944, ces aviateurs ne seront plus antraînés pour des attaques conventionnelles mais pour des vols suicides.

Il s'agissait là d'une décision pensée, réfléchie prise en toute liberté, appuyée par une  (démarche spirituelle)  nourrie de l'esprit du shintô (promu religion nationale), associé à la divinisation de l'empereur et au bushido (voie du guerrier), voire à l'une des écoles de la sagesse bouddhique.
Avec néanmoins des références aux vieux mythes remis au goût du jour paf les militaristes et les ultra-nationalistes du gouvernement. Par exemple celui d'Amaterasu Omikami, déesse du soleil et origine de la dynastie impériale, mobilisée comme patronne des kamikazes. Enfin et surtout, la tradition du sacrifice et de la mort volontaire choisie et non subie exerçait encore sa fascination. Les pilotes savaient qu'ils mourraient tôt ou tard dans un combat inégal, mieux valait choisir une mort plus prompte, mais plus efficace. Ces hommes ne se promettaient d'ailleurs aucune récompense, aucun paradis, bientôt ils ne se promirent même plus la victoire. Rien n'émoussait pour eux le tranchant de la mort !

 

 

De la signature de leur engagement à leur mort différée mais inéluctablement programmée, plusieurs semaines pouvaient s'écouler. Les volontaires, parmi lesquels nombre d'étudiants n'ayant souvent reçu qu'une instruction de base du pilotage effectuaient un stage spécial d'une semaine: deux jours pour le décollage avec une bombe de 250 kg, deux jours pour le vol en formation et trois jours pour l'approche et l'attaque. Une grande importance était accordée à la préparation mentale d'un sacrifice dont l'unique justification était l'efficacité, sinon l'utilité, exigeant de celui qui l'accomplissait parfaite lucidité, paix du coeur et maîtrise de soi. L'accent était alors mis sur la nécessité absolue de rester les yeux ouverts jusqu'à la (rencontre) avec l'objectif, car une fraction de seconde d'abandon pouvait la faire échouer. On apprendra que les kamikazes s'interrogeaient beaucoup sur les possibilités de contrôle de cet instant ultime.

 

L’explication théorique en piqué pour une attaque suicide sur des navires Américains

Puis un soir le commandant de la base leur annonçait que c'était pour le lendemain à l'aube. Leur dernière nuit et la dernière lettre aux parents. Au petit jour, après l'habituel briefing, ils sont tous là, en tenue de vol avec en plus le sabre de samouraï au côté, et sur la tête l'écharpe blanche frappée du soleil levant de ceux qui vont mourir. Le commandant de la base offre à chacun une coupe de saké, tous s'inclinent en direction de l'empereur avant de s'élancer vers les appareils sous les acclamations de leurs camarades.
La méthode d'attaque était au point : les appareils kamikazes escortés par des chasseurs devaient arriver à basse altitude en vue de la flotte américaine, monter à 4 500 mètres et plonger en se partageant les cibles pour atteindre la cage de l'ascenseur central sur les porte-avions, l'aplomb de la passerelle sur les autres bâtiments.
Les (héros) avaient vite compris que les chefs leur avaient menti, qu'ils avaient été dupés, manipulés, sacrifiés. Marqués par leur terrible familiarité avec la mort, les kamikazes transformèrent souvent leur amertume en fureur contre ce qui avait gâché leur jeunesse, l'institution impériale et familiale, les conceptions religieuses, idéologiques, étatiques, militaristes, réunies sous le nom de kokutaï que les Américains s'étaient engagés à respecter.

 

L’instruction de quelques semaines à de nouveaux pilotes  suffisait pour leurs formations

 

Avant chaque départ les jeunes pilotes d’avions-suicides remettaient une lettre à leurs familles

Dans les années 1946-1948, certains rejoignirent le parti communiste, d'autres furent séduits par le nihilisme. Et les nostalgiques de la vie collective et de l'encadrement s'agrégèrent à des groupes de toutes tendances politiques, parfois aux bandes de pillards ou de malfaiteurs qui connaissaient leur âge d'or à cette époque. Leur réintégration au conformisme social s'effectuera sans bruit à partir de 1951 grâce au miracle économique japonais. Les kamikazes auréolés de gloire de 1945 feront carrière dans les sociétés Sony, Honda, Denzu ou autres. Ils sont aujourd'hui des retraités sereins qui parlent peu des fantômes du passé.

 

Le dernier regard d’un pilote kamikaze avant son départ peut-être son dernier!

 

L’adieu aux pilotes kamkazes

 

Scène d’un avion-suicide contre un navire

Le cérémonial du Kamikaze

Le cérémonial d’une unité de pilotes kamikazes. Avant leur ultime et unique mission, des kamikazes posaient pour le photographe.
Au XIIIème siècle, un typhon avait détruit la flotte d'invasion mongole. Le terme de kamikaze (vent divin) avait été choisi en mémoire de cet ouragan providentiel.

 

C'est Yukio Seki qui va populariser auprès de tous les futurs pilotes Kamikaze un cérémonial calqué sur les plus pures traditions des samouraï. La veille de la mission, ils se font couper les cheveux au plus court. Pendant cette veillée d'armes, ils rédigent une lettre ou un poème auquel seront joints une mèche, et parfois des rognures d'ongles, à l'attention de leurs proches (mère, femme ou fiancée). Ils distribuent tous leurs biens matériels à leurs camarades. Avant de monter dans leur avion, ils se ceignent le front d'un bandeau sur lequel un hinomaru (l'emblème du soleil levant) et des inscriptions patriotiques ont été peints (par la suite, des milliers de bandeaux brodés par des femmes japonaises afflueront aux unités spéciales). Certains portent le sabre court, celui utilisé pour le seppuku, cette cérémonie traditionnelle plus connue en Occident sous le nom vulgaire de « hara kiri ». Tous arborent un foulard de soie blanche négligemment noué autour du cou. Enfin, juste avant le départ, ils portent un toast à l'empereur en buvant un bol de saké au terme d'une cérémonie qui, au fil du temps, deviendra un véritable protocole.

 

Les premières missions kamikazes

Un avion suicide percutant le flanc d’un navire tuant tous les occupants de la tourelle de tir

Il est 07H50 quand les vigies du porte-avions Sangamon repèrent en visuel quatre chasseurs japonais arrivant par le sud-ouest. Ceux-ci se comportent de manière quelque peu déconcertante, semblant peu s'intéresser aux nombreuses proies qui s'offrent pourtant à eux sous la forme de lourds bombardiers-torpilleurs en train de décoller d'autres porte-avions. Un nuage les cache un moment au regard des guetteurs américains. Au débouché, trois d'entre eux partent en piqué accentué, tandis que le quatrième conserve son attitude et se met à décrire des cercles, visiblement observant la scène avant de prendre une décision.

 

Navire touché par un avion kamikaze

A bord du porte-avions Santee, les servants de DCA n'ont pas le temps d'armer leurs canons que l'un des chasseurs est déjà sur eux. À leur grande surprise, alors qu'il aurait déjà dû larguer la bombe qu'il porte sous le fuselage et entamer sa ressource, il maintient son piqué. Sur le pont, dans un suprême réflexe, tout le personnel se jette à plat ventre. Le chasseur japonais percute le porte-avions dix mètres devant l'ascenseur arrière, pénétrant jusqu'au pont inférieur par une brèche de trois mètres. Le bâtiment vacille sous le choc. En explosant, la bombe cause une déchirure de huit mètres dans le pont du hangar, entraînant une série d'incendies et de nouvelles détonations.

 

Les marins se relèvent tandis que résonnent les sirènes d'incendie et que les équipes de sécurité courent dans tous les sens, au milieu des cris des blessés et du bruit assourdissant des déflagrations. Les regards échangés dénotent un sentiment d'inquiétude. La même question est sur toutes les lèvres : le Japonais a-t-il raté son attaque ou s'est-il délibérément écrasé ? Les deux autres chasseurs ne tardent pas à leur fournir la réponse. Cette fois, la DCA ouvre le feu. L'un des deux est touché de plein fouet. L'autre, également touché, est dévié de sa course. Il se dirige vers le Sangamon, mais percute l'eau avant d'atteindre sa cible.
Il n'y aucun doute possible, ces piqués à la mort ne peuvent être que volontaires. Les marins américains ont déjà eu l'occasion à différentes reprises d'être confrontés à ce type d'attaque, mais il s'agissait d'actes isolés perpétrés par des pilotes dont l'avion avait été trop fortement endommagé pour qu'il puisse retourner à sa base ou à son propre porte-avions. Dès le 7 décembre 1941, à Pearl Harbor, un avion japonais dont les réservoirs d'essence avaient été crevés s'était précipité sur le porte-hydravions Curtiss et un autre avait visé un hangar à Kaneohe. Mais, cette fois, il est clair qu'il ne s'agit pas d'actes circonstanciels, mais réfléchis et délibérés.
Entre-temps, un sous-marin japonais, le I-56, a fait son apparition sur la scène, ajoutant un peu plus à la confusion ambiante en logeant une torpille dans la coque du Santee.

 

Un avion-suicide en flamme passe à côté d’un navire

Le quatrième (Zéro)continue à tourner en rond, peut-être encore hésitant sur la conduite à tenir ou peut-être, tout simplement indifférent à tout ce tumulte, est-il en train de choisir sa cible avec sérénité ? Une fumée noire s'échappe du capot. La DCA a fait mouche. Alors, le pilote se décide enfin et pique à son tour sur le Suwanee (CVE-27). Les servants de DCA ont compris : c'est lui ou eux. Tout ce qui peut tirer dans la flotte américaine ouvre le feu sur cet avion fou. Le (Zéro) est touché à de multiples reprises, mais il ne dévie pas de sa course et vient percuter un avion qui est en train d'apponter. Les deux appareils explosent dans une gigantesque boule de feu. Le choc, terrible, ébranle le porte-avions. L'incendie se propage à d'autres avions sur le pont. Il faudra deux heures aux pompiers pour en venir à bout. On relève 143 cadavres et 102 marins sont blessés plus ou moins grièvement.
Ce 25 octobre 1944 marque la première mission officielle du corps des volontaires de la mort, mieux connus sous le nom de Kamikaze. Elle est symbolique à plus d'un titre. Pour ces quatre premiers pilotes et les quelque 2 936 qui les suivront, les résultats ne seront pas à la hauteur des sacrifices consentis ni de leurs espérances. Le Suwanee sera à nouveau pleinement opérationnel trois heures après avoir été percuté par le Kamikaze.

 

Une seule et unique mission

25 novembre 1944: un Zéro qui laisse une traîné de carburant lance une attaque suicide contre l'Essex.

Très rapidement, l'ampleur des attaques spéciales mène le Japon à une véritable impasse. Les premiers volontaires se recrutent parmi les pilotes les plus anciens, que la frustration ressentie depuis des mois conduit à s'exposer une dernière fois dans l'espoir que leur sacrifice influera sur le cours de la guerre, ou tout simplement pour prendre une revanche sur des mois d'impuissance. Le haut commandement ne va tarder à s'émouvoir de cette situation et prendre des mesures pour sauvegarder les cadres les plus expérimentés en vue de l'ultime bataille qui s'annonce sur le sol même de la Mère-patrie. Il ne reste plus alors qu'à puiser dans le réservoir des jeunes recrues, puis à former des pilotes dont on exigera d'eux qu'une seule et unique mission, sans retour.
La menace que font peser le survol régulier du Japon par l'aviation américaine et les sévères restrictions en carburant amènent à réduire la formation des recrues au strict minimum, l'accent étant mis sur l'aspect théorique. Lancés dans la bataille avec parfois moins de vingt heures de vol, ces jeunes pilotes recrutés jusque dans les classes terminales des lycées savent à peine maintenir leur avion en ligne. Quand ils ne s'égarent pas pour faire le grand plongeon bien avant leur arrivée sur l'objectif, ils n'offrent aucune résistance à la puissante et efficace chasse américaine qui ne va pas tarder à mettre en place des parades à cette menace de première importance.

 

Du côté américain

Une batterie de 40mm tirant sur des avions-suicide

Du côté américain, l'étonnement ne tarde pas à céder à l'horreur, puis bientôt à la panique. Rien n'a préparé les chefs de l'état-major combiné à une telle épreuve. La menace Kamikaze n'a rien de très inquiétant sur le plan stratégique mais sur le plan psychologique, elle cause des ravages parmi les marins. Selon les statistiques les plus fiables, environ 5 000 Américains seraient tombés victimes de ces attaques spéciales. Cependant, les cas de désordre mental passent de 9,5 % fin 1941 à 14,2 % fin 1944, un phénomène que l'on attribue à l'augmentation du rythme de la guerre moderne avec ses horreurs épuisantes et inhabituelles.
Il y a de quoi ! James J. Fahey, matelot breveté à bord du croiseur USS Montpelier, a décrit dans son journal, à la date du 27 novembre 1944, une attaque-suicide ordinaire:
Les Japs nous arrivaient dessus de tous les côtés. Avant leur attaque, nous ne savions pas qu'il s'agissait d'avions-suicides qui n'avaient aucune intention de rentrer à leur base. Ils n'avaient qu'une chose en tête, c'était s'écraser sur nos navires, avec leurs bombes et tout ça. Il fallait les descendre, les endommager ne servait pas à grand chose. Pendant ce temps, les avions qui explosaient au-dessus de nous nous arrosaient de débris. C'était un peu comme s'il pleuvait des morceaux d'avion.

 

Cela tombait un peu partout sur le bâtiment. Un certain nombre d'hommes furent atteints par de gros morceaux d'avions japs. Les explosions étaient terribles quand les avions-suicides percutaient la mer à proximité de notre bâtiment. L'eau était couverte d'une fumée noire qui montait dans le ciel. La mer avait l'air d'être enflammes. Tous les canons des navires tiraient sans arrêt. Ça, c'était de l'action ! Pas un moment de répit. Les gars passaient les munitions à la vitesse de l'éclair tandis que les canons tournaient dans toutes les directions pour cracher leur acier brûlant. Pendant une accalmie, les gars allaient récupérer des souvenirs, et quels souvenirs ! J'ai eu quelques morceaux d'avion. Le pont près de mon affût était couvert de sang, de tripes, de morceaux de cervelle, de langues, de scalps, de coeurs, de bras, etc. Ils ont dû sortir les lances à incendie pour nettoyer le pont de tout le sang répandu. L'eau était rouge de sang. Des morceaux de Japs étaient éparpillés un peu partout.

 

Un Bombardier en piqué rase les flots avec sa torpille

L'amiral Nimitz ordonne un (black-out) complet sur le phénomène Kamikaze, qui ne sera révélé au grand public qu'en avril 1945, par pure coïncidence, le jour où la presse annoncera le décès du président F.D. Roosevelt. Sur le terrain, la réponse américaine consiste à remanier les Task Forces afin de renforcer l'écran anti-aérien. À bord des porte-avions, le nombre de bombardiers est réduit au profit de chasseurs supplémentaires. Grâce au radar et aux écoutes des émissions radio japonaises, les Américains sont capables de détecter suffisamment à l'avance l'arrivée des Kamikaze et peuvent monter des patrouilles de chasse très en avant de la position de leur flotte. Les flottes renforcent leurs piquets de destroyers pour former un écran d'artillerie antiaérienne. Les servants de DCA apprennent une technique nouvelle qui consiste à tirer des obus explosifs dans la mer de manière à créer des gerbes d'eau afin d'aveugler les pilotes japonais et les empêcher d'aligner correctement leur cible.
Une autre manière de tarir la source des avions-suicides consiste à effectuer des patrouilles permanentes le long des routes que doivent emprunter les appareils japonais entre le Japon et les Philippines de manière à les intercepter avant même qu'ils ne puissent atterrir à Luçon. Cette tactique se révèle payante à diverses reprises, notamment le 11 novembre 1944, lorsque les escadrilles américaines interceptent une formation de kamikazes et en abattent 11 au-dessus de la baie d'Ormoc. Les Américains iront même plus loin en attaquant les bases aériennes au Japon de manière à détruire toute menace potentielle.

 

Le porte avions américain Bunker Hill

Un blessé est transféré du porte-avions sur un autre bateau marchant à la même vitesse, après l'attaque du Bunker Hill par les kamikazes en 1945, qui tua 353 hommes.

En  mai 1945, le porte avions américain Bunker Hill, frappé par deux bombardiers kamikazes, est transformé en une masse brûlante d'avions, d'essence et de munitions explosant en série.
La totalité du pont-hangar était devenue un fourneau ronflant, chauffé à blanc sur toute sa longueur.
Même de l'endroit où je me trouvais, la lueur du métal en fusion était bien visible. A ce moment-là, les explosions avaient cessé, et un croiseur et trois destroyers purent venir bord à bord, manches à eau en batterie. Comme les bateaux-pompes du port de New York, ils déversèrent des tonnes d'eau dans le bateau, et la fumée commença enfin à prendre une coloration grise montrant que les flammes s'étouffaient par endroits.
Sur la passerelle, le capitaine George A. Seitz, le pacha, de plus en plus préoccupé par la gîte prise par son bateau, entreprit une manoeuvre risquée. Lançant le Bunker Hill dans un virage à 70 degrés, il lui imposa lentement une gîte inverse de façon que les tonnes d'eau accumulées d'un côté soient soudainement renvoyées sur l'autre flanc en balayant les ponts pour être déversées par-dessus bord. Par une chance insigne, cette masse d'eau emporta aussi avec elle le coeur de l'incendie du hangar.

 

 

 

Le corps d'un soldat est immergé selon la tradition au large des îles Marshall,  en janvier 1944

 

Le naufrage du destroyer USS Pringle

Le 16 avril, un (Zéro) (zeke) percute le destroyer USS Pringle. Jack Gebhardt a confié son témoignage au service d'histoire orale de la Naval Historical Foundation. Il convient au préalable de rappeler que le Pringle avait déjà constitué la cible d'un Kamikaze le 26 novembre 1944.
Le Pringle était assigné au piquet radar n° 26 à environ 75 miles au nord-nord-ouest d'Okinawa. Les premiers jours de veille furent calmes, mais le 15 avril 1945 après être restés à nos postes de combat pendant presque 24 heures d'affilée, les Japonais ont attaqué en masse. Ils savaient que nous avions veillé toute la nuit pour repousser des raids incessants et que nous étions crevés. L'attaque principale dura toute la journée et, finalement, à l'aube du 16 avril, le Pringle fut attaqué par une horde d'avions japonais. Certains furent descendus, mais un (Zeke) passa à travers nos défenses et s'écrasa à l'arrière de la passerelle et de la chambre des cartes où je me trouvais en tant que téléphoniste pendant les grandes alertes. L'avion arriva par le tribord de la proue, passa à trois ou quatre mètres au-dessus de moi et s'écrasa dans une grande boule de feu.

 

Le corps d’un matelot tué à bord d’un destroyer qui a été touché par un kamikaze

Lorsque les deux bombes de 500 livres de l'avion explosèrent, j'eus l'impression que c'était la fin du monde. La chambre des cartes fut tout ébranlée et des années de poussière tombèrent depuis le haut des étagères. J'ai senti que le Pringle était sérieusement endommagé et j'ai essayé de quitter la passerelle par la porte tribord, mais elle était coincée et l'échelle avait été pulvérisée. J'ai réussi à tordre suffisamment la porte pour me glisser jusqu'au pont supérieur Mon regard s'est porté vers l'étrave : le bâtiment n'était qu'un brûlot flottant, avec des hommes titubant hagards et sanguinolents, et avec de la fumée et des flammes partout. J'ai vu des hommes sauter par-dessus bord puis quelqu'un a crié : Abandonnez le navire ! J'ai aperçu sous le pont un magasin de munitions de 40 mm en flammes, alors je me suis dirigé vers le côté tribord et je me suis frayé un chemin jusqu'au pont principal.

 

Un avion japonais est abattu alors qu'il tentait une attaque-suicide sur l'U.S.S. Kitkun Bay le 1er janvier 1945. La presse nippone avait utilisé ce document avec la légende: "un avion américain abattu...". La tromperie de la propagande japonaise était grossière: on reconnaît un "Hellcat" américain sur le pont du porte-avions au premier plan.
Le bouclier du pont avait été arraché et j'ai pu aller jusqu'aux tourelles où j'ai retiré mes chaussures et mon calot pour les ranger soigneusement contre la cloison pare-feu, comme si j'allais revenir ! C'est curieux comme les gens peuvent faire des choses étranges dans des circonstances pareilles. J'ai enfilé mon gilet de sauvetage et je me suis préparé à sauter par-dessus bord En rampant jusqu 'au bastingage, je me suis rappelé que j'avais laissé mon casque lourd dans la chambre des cartes et j 'ai décidé d'aller le chercher. Mais, en chemin, j'ai vu d'autres hommes sauter dans l'eau et, sans réfléchir, j'ai sauté à mon tour et nagé aussi vite que je le pouvais pour m'éloigner du bâtiment. Je ne sais pas quelle distance j'ai pu parcourir; plusieurs centaines de mètres peut-être, avant de m'arrêter et de me retourner pour regarder le Pringle, en proie aux flammes, brisé en deux par le milieu, en train de sombrer L'étrave pointait presque à la verticale et j'ai entendu des cris quand elle s'est enfoncée et a disparu. Il ne s'était pas écoulé plus de cinq minutes entre l'attaque de l'avion japonais et le naufrage.

 

Corps de soldats qui sont morts pendant une attaque d’avions-suicide  à Leyrte

Le naufrage du Pringle a fait 69 morts et de nombreux blessés, dont certains succomberont ultérieurement à leurs blessures. Jack Gebhardt est décédé en 1995. Le rédacteur du Naval Historical Foundation a ajouté, en post-scriptum, que (Gibby) ne parviendra jamais à surmonter son stress et ses réactions nerveuses aux bruits soudains et aux passages d'avion à basse altitude.

 

Okinawa Une bataille sanglante

 

Départ d’une ecadrille japonaise sur l’île d’Okinawa pour allez attaquer la flotte Américaine

 

L’amiral Onishi intigateur des avions-sucides kamikazes. L'amiral Onishi explique leur mission à des aviateurs japonais. À l'annonce de la reddition de son pays, Onishi mit fin à ses jours par le traditionnel "seppuku" (improprement appelé harakiri) et, contrairement à ce que permet le bushido, il refusa de se faire décapiter ensuite, ce qui prolongea son agonie pendant douze heures.

Apprenant la nouvelle de la capitulation le 15 août 1945, l'amiral Onishi se retire seul dans son bureau après avoir congédié les amis avec lesquels il a passé la soirée. Il écrit plusieurs lettres, en forme de testament, puis rédige un dernier poéme. Il s'agenouille et sort du fourreau son court sable d'apparat. Il ouvre son kimono et plante la fine lame d'acier dans son ventre. D'un geste rapide, il s'ouvre l'abdomen, puis retirant son arme, il tente de se trancher la gorge. Ses forces l'abandonnent et il s'écroule sur le dos. Il est découvert agonisant, baignant dans son sang, par l'un de ses serviteurs le lendemain matin. Refusant toute assistance, il attendra la mort seul. Elle ne viendra le chercher qu'à six heures du soir, pour l'emmener retrouver les milliers de jeunes aviateurs qu'il a précipités avant lui dans le sacrifice suprême. Au moment de rendre l'âme, il leur demandera pardon.

 

Le Yokosuka MXY-7 "Ohka" était davantage un missile doté d'un pilote humain qu'un avion. Fixé sous un bombardier spécialement aménagé à cet effet, il était amené à proximité de sa cible, puis largué. Le kamikaze allumait alors ses fusées et essayait d'atteindre son objectif. En raison d'une vitesse excessive (environ 900 km/h) et de la piètre manoeuvrabilité de l'engin, très peu d'(Ohka) atteignirent leur cible.

L'utilisation massive de kamikazes n'aura eu pour effet que de freiner l'arrivée américaine, mais sans doute aussi de renforcer la détermination de l'Oncle Sam d'en finir avec un pays qui lui coûtait trop de (boys), quels qu'en soient les moyens.



07/02/2013
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